Ni robot, ni une quelconque créature cybernétique
La Génération Z (née entre 1996 et 2012) est une génération de natifs du numérique, très à l'aise avec la technologie, ayant grandi avec Internet et les smartphones, qui remet en question l'autorité traditionnelle au profit d'une approche plus collaborative et de confiance. Ils sont en quête de sens, valorisent l'authenticité et l'engagement social, sont préoccupés par le climat et le bien-être mental, et recherchent un travail qui leur permet l'accomplissement personnel et la reconnaissance.
Qu'est-ce qui les caractérise ?
- Remise en question de l'autorité
Ils préfèrent une autorité de compétence à une autorité de fait, souhaitant être impliqués et avoir leur mot à dire, ce qui favorise des modèles managériaux plus agiles. - Quête de sens
Ils recherchent un travail et une vie qui aient du sens, avec un impact positif sur la société et l'environnement, et sont prêts à accepter des postes plus précaires pour cela. Ils apprécient les modes de travail souples qui leur permettent de gérer leur temps et de concilier travail et vie personnelle. Ils sont motivés par l'accomplissement personnel et le sens qu'ils peuvent trouver dans leur travail, et ne sont pas prêts à sacrifier leur vie privée pour un emploi. Ils attachent une grande importance à la flexibilité et à un bon équilibre, préférant le travail hybride. - Engagement et conscience
Ils sont très préoccupés par les enjeux climatiques, les inégalités sociales et la santé mentale, et sont actifs dans les mouvements citoyens. - Valeurs éthiques et d'inclusion
Ils sont très attachés à l'honnêteté, la transparence, le dialogue, et s'engagent activement sur des enjeux environnementaux et sociétaux. Ils valorisent l'authenticité, le lien social et les relations humaines, tant dans leur vie personnelle que professionnelle. - Focus sur le bien-être
Ils accordent une grande importance à leur bien-être émotionnel et mental, en particulier face aux crises environnementales et sociales qu'ils ont vécues.
Comment interagir avec eux ?
- Soyez un guide, pas un directeur
Ils préfèrent un management participatif, où leur avis compte, plutôt qu'une approche hiérarchique et autoritaire. Écoutez leurs émotions, validez leurs ressentis et donnez-leur des outils pour s'épanouir, plutôt que d'imposer des règles. - Encouragez la collaboration
Impliquez-les dans les processus de décision, et favorisez la cocréation et le partage des connaissances. Ils s'attendent à des modes de communication transparents et rapides, privilégiant le dialogue. - Misez sur le sens
Pour les motiver dans un travail ou un projet, mettez en avant l'objectif et l'impact positif qu'ils peuvent avoir. - Soyez transparent et honnête
L'authenticité est clé. Expliquez vos attentes et les raisons derrière vos décisions.
Pourquoi la Gen Z est dans la rue ?
Andry Rajoelina l’explique par une cyberattaque massive pilotée par une espèce de Skynet qui manipulerait la jeunesse du monde entier, de l’Indonésie au Népal, en passant par les Philippines et qui déferle actuellement au Maroc et au Kenya. En voilà un qui adore Terminator et se rêve en John Connor, comme l’auteur de ces lignes. Déni ou politique de l’autruche ?
Il n’y avait pas de robot, ni une quelconque créature cybernétique lorsque Aditya, un Népalais de 23 ans a parcouru son fil d'actualité sur les réseaux sociaux et tombe sur le mariage très médiatisée de la fille d'un homme politique népalais qui a provoqué d'énormes embouteillages dans la ville de Bhaktapur. Les mois suivants, il a remarqué de nouvelles publications de politiciens et de leurs enfants : des photos de vacances, de manoirs luxueux, des limousines et de sacs à main de créateurs. Une photo de Saugat Thapa, le fils d'un ministre devant une énorme pile de boîtes-cadeaux Louis Vuitton, Gucci, Cartier et Christian Louboutin, décorées de guirlandes lumineuses et de boules de Noël et surmontées d'un bonnet de Père Noël, est devenue virale. La colère s'est alors concentrée sur ceux que l'on appelle les « enfants nepo » - des jeunes bénéficiant de la célébrité et de l'influence de leurs parents au pouvoir.
Le 8 septembre, furieux de ce qu'il avait vu et lu en ligne, Aditya et ses amis ont rejoint des milliers de jeunes manifestants dans les rues de Katmandou, la capitale du Népal. Mais en fait, il s’agit du prolongement de la ferveur qui a balayé l’Asie depuis plusieurs mois. En Indonésie, aux Philippines, mais aussi au Bangladesh où mouvement Aragalaya a renversé le président en 2022. Tous ces mouvements défendent la même cause : le bien-être et le développement des nations.
A Madagascar, face aux “enfants nepo”, on a une population qui ne bénéficient pas des droits élémentaires, l’eau et l’électricité. Une privation qui touche particulièrement la Gen Z, essentiellement des étudiants. Las de voir la situation s’enliser sans aucune solution crédible sauf des promesses perpétuellement vaines, les jeunes ont décidé de se faire entendre dans la rue depuis le 25 septembre à l’appel de trois conseillers municipaux. De fil à aiguille, la protestation contre le délestage et les coupures d’eaux devient mouvement contre Andry Rajoelina. En deux manifs et trois mouvements, le gouvernement tombe. Le mécontentement atteint les chefs-lieux de provinces. Les gendarmes interdisent les manifs à coups de gaz lacrymogènes et de balles en caoutchoucs. Bilan : une vingtaine de morts, des centaines de blessés et autant d’arrestations. A Antsiranana, un journaliste est atteint d’une balle réelle dans le bas-ventre alors qu’elle couvre les manifestations. Au moment où nous écrivons ces lignes, le pouvoir est bloqué, incapable de trouver un Premier ministre qui pourrait calmer le jeu. La manif devient une guérilla urbaine dans les ruelles de Tana. La solution n’est pas au bout du fusil, mais autour d’une table en prenant en considération ce qui caractérise, comme on l’a dit plus haut, la Gen Z.
La répression des manifestations est particulièrement violente à Antananarivo, la capitale. Ici, un membre du Groupe de Sécurité et d’Intervention Spéciale (GSIS), tir sur des étudiants en fuite avec des balles qui sonnent réelles.