Oublier un mot, une amnésie courante
Qui n’a jamais éprouvé cette frustration en plein milieu d’une conversation, lorsqu’un mot familier nous échappe soudainement ? Malgré tous nos efforts, impossible de le retrouver, alors qu’il est pourtant bien ancré dans notre mémoire. Cette situation, aussi agaçante que fréquente, arrive à tout le monde. Mais saviez-vous qu’un simple geste pourrait vous aider à remettre la main dessus et retrouver le fil de vos pensées ?
Oublier un mot, un nom, tout en sachant pertinemment que vous le connaissez n’est d’ailleurs pas mauvais signe. C’est ce que les psychologues nomment le phénomène du "mot sur le bout de la langue". Une amnésie ciblée qui survient lorsque notre mémoire à long terme (celle qui stocke nos informations), peine à transmettre un concept ou un mot précis à notre conscience.
Cela se produit davantage en période de stress ou de surcharge cognitive, mais peut aussi tout simplement "vous sortir de la tête" quand il s’agit d’un terme que vous n’employez pas souvent et qui ne dispose donc pas de bonnes transmissions dans votre mémoire.
La solution vient du bout des doigts
Heureuse nouvelle pour les imprécis, une étude publiée dans la revue Cognitive Sciences a révélé une méthode qui semble fonctionner pour retrouver le mot perdu rapidement : il suffit de tapoter avec ses index sur une surface.
L’expérience menée sur 90 personnes a en effet comparé le fait de réfléchir sans bouger et celui d’ajouter une gestuelle. Les participants, confrontés à un mot difficile à retrouver, ont été invités à effectuer ce tapotement. Verdict ? Ceux qui tapotaient ont retrouvé leur mot plus rapidement que ceux contraints de rester immobiles.
Ce succès s’explique par l’activation simultanée de zones cérébrales liées au langage et au mouvement. "Lorsque la récupération lexicale est difficile, le geste réduit efficacement la charge cognitive pour ceux qui trouvent la tâche particulièrement éprouvante et libère de l’espace mental" explique l’étude.
Ce qui explique pourquoi certaines personnes se mettent à gesticuler ou à tapoter un objet naturellement lorsqu’elles tentent de se rappeler quelque chose. Une méthode à tester la prochaine fois que ce satané mot vous reste sur le bout de la langue.
Il est normal d’avoir des trous de mémoire !
Rassurez-vous, lorsque l'on est conscient de ses trous de mémoire, c'est qu'il ne s'agit pas d'une maladie ! Ceux qui souffrent de réelles pertes de mémoire ne s'en rendent pas compte dans pratiquement 99 % des cas. Il faut savoir que les trous de mémoire ne sont pas une information qui a disparu de notre cerveau, mais une difficulté à la retrouver. D'ailleurs vous le constatez : vous retrouvez certains indices. Par exemple, si vous cherchez un nom propre, vous savez s'il est long ou court, éventuellement vous devinez le début du mot, des sonorités… D'ailleurs, il est inutile de continuer à chercher s'il ne vous revient pas au bout d'une minute : ensuite, vous ne faites qu' "encrasser le système". Il vaut mieux arrêter et reprendre plus tard… ou attendre qu'il revienne tout seul ! En revanche, dans une maladie de la mémoire, l'information est manquante, car le problème est l'apprentissage : les personnes ont du mal à retenir, et sont obligées de demander plusieurs fois les éléments.
Dans ce cas, nos petits trous de mémoire peuvent être liés à un mauvais apprentissage des informations : lorsque l'on perd ses clés, que l'on se demande si l'on a bien fermé la porte… Ce sont des actes routiniers, automatiques. On a déjà fait ce geste des centaines de fois. Il est donc difficile d'identifier un acte unique parmi tous les autres souvenirs mélangés.
Notre cerveau n'enregistre pas tout ce qui se passe comme un magnétophone ! Certains événements sont moins bien archivés que d'autres. Pourquoi ? Parce qu'on est plus ou moins impliqué, fatigué, ému… Le souvenir sera intégré en fonction de ce contexte. Prenons un exemple simple : si vous attendez la sortie du prochain Star Wars depuis des mois, et que vous y allez complètement fébrile le jour de la sortie, et qu'en plus vous le trouvez extraordinaire… Tout ce contexte ancrera très fortement le souvenir. En revanche, si vous traînez un ami au film, qui n'a pas franchement envie de le voir, et qui trouve cela très long… il en aura oublié la majeure partie un ou deux mois après. Car l'ancrage émotionnel n'est pas du tout le même. Par ailleurs, la fatigue joue un rôle important. Si vous allez voir ce film un après-midi pendant les vacances, le souvenir sera plus fort que si vous y allez un soir après une journée de boulot stressant !
Avec l'âge, tout le monde se pose des questions sur sa mémoire. Il est vrai que, à partir de 30 à 40 ans, les capacités d'attention diminuent. On a plus de mal à se concentrer, à analyser… Apprendre quelque chose de nouveau nous prendra certes un peu plus de temps. Ainsi retenir une poésie demande deux ou trois lectures de l'œuvre à un enfant de 15 ans, contre neuf ou dix à une personne de 70 ans. Mais on la retiendra néanmoins. Et il ne faut pas oublier qu'en prenant de l'âge, on accumule de l'expérience. Or plus on sait de choses, et plus il est facile d'en apprendre de nouvelles. Car nous augmentons nos capacités d'analyse.