L’archipel des biens mal acquis

Plus de 20 milliards de dollars américains ! Tel est le montant de l‘argent lié à Mamy Ravatomanga, susceptible de blanchiment à l’île Maurice, selon le journal L’Express.mu. Et encore, ce n’est que la partie immergée de l’iceberg. D’un seul iceberg dénommé “Saga Mamy”. Car il y en a sans aucun doute plusieurs, un véritable archipel de biens mal acquis formés par les dirigeants de ces seize dernières années et leurs acolytes et dont la valeur totale est de loin supérieurs au PIB de Madagascar (16,42 milliards de dollars américains). Mais diable, à quoi leur sert tout cet argent ?

Image de couverture de L’archipel des biens mal acquis
Image modifiée par IA d’un richissime blanchisseur actuellement détenu à l’île Maurice

Quel est le montant au delà duquel l’argent ne fait plus le bonheur ?

L’argent ne fait pas le bonheur. Donnez -moi votre argent alors, dans ce cas, car je veux être malheureux ! Vous avez déjà certainement entendu cette boutade.

L’argent est un outil d’accès au bonheur. Il permet de satisfaire les besoins fondamentaux tout en préservant l’équilibre nécessaire au bien-être psychologique. Mais l’argent n’est pas une fin en soi. Gagner davantage que le seuil optimal génère une diminution mesurable du bonheur. Oui, le bonheur a un prix ! La science l’a calculé. Du moins pour la population européenne. Cette découverte émane d’une vaste enquête internationale dans une vingtaine de pays européens. L’objectif ? Déterminer scientifiquement le montant annuel permettant d’atteindre un état de bien-être optimal.

Voici donc le montant exact à gagner pour être (vraiment) heureux en Europe : 70.000 euros bruts par an, approximativement à 5800 euros nets mensuels, un chiffre qui interpelle par sa précision mathématique. Au-delà de cette somme, le niveau de satisfaction stagne, voire régresse.

Le montant optimal permet d’accéder aux deux piliers fondamentaux du bonheur : l’indépendance et la santé. L’indépendance financière procurée par ces revenus permet de faire des choix de vie authentiques. Cette somme garantit également l’accès aux soins médicaux de qualité, élément crucial du bien-être physique et mental. Les personnes atteignant ce seuil peuvent sélectionner leur lieu de résidence, leurs activités de loisirs et leurs projets personnels sans subir de contraintes économiques majeures. Cette autonomie décisionnelle constitue un facteur déterminant de l’épanouissement individuel.

Quel serait le montant optimal à gagner pour être heureux à Madagascar ?

Aucune étude, aucune enquête n’a été effectué pour connaître le montant annuel permettant d’atteindre un état de bien-être optimal à Madagascar. Peut-on le savoir en partant de l’étude pour la population européenne ?

70.000 euros correspondent à 2,8 fois le niveau de vie médian en France (24.179 euros). Selon l’Instat, le revenu médian des travailleurs malgaches est de 108.250 ariary par mois, soit 1.299.000 ariary par an. En multipliant par 2.8, cela donne 3.637.200 ariary ! Trop dérisoire pour faire le bonheur du Malgache dont 79,7% vit sous le seuil de pauvreté avec 2,15 dollars par jour. Étude à refaire donc. D’autant plus que la notion de pauvreté a un élément multidimensionnel. On peut mesurer la pauvreté monétaire, mais on peut aussi parler de la capacité à pouvoir s’offrir des besoins de bases ou de nouer les deux bouts à la fin du mois. De plus, ce n’est pas la même chose d’avoir 1073 euros par mois en France (le seuil de pauvreté fixé à 50% du niveau de vie médian) que d’avoir le même montant à Madagascar.

Psychologues et économistes se penchent depuis longtemps sur la question et ils admettent qu’au-delà d’un certain seuil, l’argent ne suffit plus à accroître le bonheur. L’argent devient alors un sujet constant de préoccupation et e stress. La satisfaction de vie et l’épanouissement personnel reposent davantage sur la manière dont on se sent dans son quotidien que sur le montant inscrit sur un relevé bancaire.

Mamy Ravatomanga a des milliards sur ses différents comptes bancaire, à Madagascar, à Maurice, à Dubaï et dans des paradis fiscaux. Mais cela n’a pas suffit à faire son bonheur. Détenu et malade au soir de sa vie. Les autres qui ont également profité de Madagascar pour s’enrichir aussi certainement. En exil et la peur au ventre après des années de toute puissance. Le comble est que même pour faire des actes de bienfaisance, ils demandaient des sous à la Cnaps, la sécurité sociale des pauvres travailleurs ! Aucun scrupule, même pas cette “espèce de honte d'être heureux à la vue de certaines misères” énoncée par Jean de La Bruyère.

Il y en a qui appelle cela le “tody” (karma). C’est lié au “tsiny”, la faute, la transgression des normes sociales et morales de la culture malgache dont les valeurs sont transmises à travers les proverbes. En voici un : “ny hendry mody voky fa ny adala manesika ihany”. Le sage feint la satiété tandis que le fou ne cesse de s'empiffrer. Les ntaolo ont prévenu.