À qui profite le crime ?
Samedi 14 juin 2025 restera dans les annales comme la date d’une hécatombe jamais enregistré à Madagascar.
Ce jour-là, dans la soirée, une bande de jeunes branchés de Tana, mais originaire des quatre coins de Madagascar, franchissent la porte d’une salle de fête située dans les environs d’Ambohimalaza, en périphérie d’Antananarivo, en réponse à une invitation pour une fête d’anniversaire. Un détail aurait pu faire tiquer : les invités étaient 35, mais il en arriva une cinquantaine. Sauf qu’il est courant que les parents et les amis des amis viennent à une fête sans être invités. Surtout lorsqu’ils apprennent que ce sera grandiose. Et c’était effectivement le cas : les 18 ans d’une fille avec, en cadeau d’anniversaire, une voiture. On parle d’une V8, en tout cas une 4x4. Personne n’en a la photo. Mais le buffet, oui (voir plus bas). En effet, très vite, dès la sortie de la fête, des invités tombent malades et décèdent peu de temps après. La série macabre commence. Au moment où nous soumettons cet article pour publication, 31 personnes sont décédées un mois après la fête.
« Project X », vous connaissez ? C’est un film américain de 2012 où la fête d’anniversaire d’un lycéen bien ordinaire avide de popularité, dégénère rapidement en un gigantesque chaos impliquant des centaines de personnes, de la drogue et de l’alcool… Plusieurs fêtes, plus ou moins illégales, dans le monde ont été inspirées du film, notamment aux Pays-Bas où, le vendredi 21 septembre 2012, la petite ville de Haren étaient envahis par environ 20.000 personnes suite à une invitation lancée pour les 16 ans d’une jeune fille qui n’en demandait pas tant : Merthe Weusthuis. L’événement fera partie d’une série, « Chaos d’anthologie », sur Netflix sous le titre : « Le film d’une fête trop virale ».
« Project X », lui, est produit par Todd Phillips, le réalisateur de « Very Bad Trip ». A Ambohimalaza, les invités feront effectivement un very bad trip, un très mauvais voyage, mais pour la plupart, un ultime voyage vers Ambondrombe suite à l’indigestion d’aliments comprenant des substances mortelles.
Tous les invités à la fête ne sont pas tombés immédiatement malades. Certains ont encore pu vaquer à leurs occupations quotidiennes pendant au moins 48 heures. Il y en a même qui ont pu faire du sport, avant de se sentir patraque un à un et de rejoindre précipitamment un hôpital.
Les témoignages recueillis auprès des malades font état des mêmes symptômes : nausées et vomissements, suivis de trouble de la vision, grosse fatigue, difficultés de déglutition, voire d’élocution, et détresses respiratoires. Ce qui, à première vue, correspond aux manifestations cliniques du botulisme.
Fiche technique sur le botulisme, publiée par le ministère français de la Santé.
Selon pourtant le Pr Andry Maharo Andrianarivelo, professeur agrégé en bactériologie et virologie, directeur du laboratoire LA2M, la toxine botulique ne peut se développer après une cuisson prolongée et dans des aliments à forte teneur en sucre tels que le donut qui était désigné comme cause du drame.
Par ailleurs, les résultats des analyses effectués auprès de l’Institut Pasteur de Strasbourg auraient fait mention d’éléments » hautement pathogènes et inhabituels dans les aliments et organismes humains », mais dont la Procureure de la République près le tribunal de première instance d’Antananarivo, Narindra Navalona Rakotoniaina, n’a pas divulgué le nom, « pour éviter que des gens malintentionnés les utilisent pour mettre en péril la vie d’autrui ».
Vive protestation auprès de l’opinion, relayée par des contre-vérités dans la presse étrangère, RFI et France 24 notamment. L’Institut Pasteur de Strasbourg n’est pas habilité à traiter des cas de botulisme. Effectivement, le ministère français de la Santé indique plutôt dans ce cas de s’adresser au Centre national de référence des Bactéries anaérobies et botulisme Institut Pasteur - 25-28 rue du Docteur Roux - 75724 Paris Cedex 15 – France Tél : +33 1 53 55 12 91 / +33 1 45 68 83 10 - cnranaerobies@pasteur.fr
Nous cacherait-on la vérité ? Pour quelle raison ? A qui profite la dissimulation ? A qui profite le crime ?
D’un côté, il y a ceux qui estiment que les autorités ne veulent pas admettre que la raison du drame est le botulisme afin de ne pas porter la responsabilité de l’introduction et la commercialisation frauduleuse à Madagascar de produits impropres à la consommation tel, récemment, l’huile Roots. Coïncidence ou pas, dans la même période, on a dénombré effectivement 17 victimes de botulisme à Ambositra, au moins 3 à Majunga et un à Tuléar. Sans compter une dizaine de malades à Tamatave. Ajoutez-y les 216 victimes de paludisme à Ikongo (même si ce cas dépasse notre sujet) et on a une belle statistique morbide sur la conscience de ceux qui en ont encore une.
Il importe également de couvrir la Jirama, dont les délestages à répétition provoquent la rupture de la chaîne du froid et ne permettent pas une bonne conservation des aliments.
Les petits fours, avec les légendaires donuts, servis lors de la fête.
De l’autre côté, il y a ceux qui penchent vers le cas d’un empoisonnement pour au moins deux raisons
- Le train de vie de Fenohasina, issue d’une famille modeste et qui a arrêté ses études après le Bepc, s’est nettement amélioré ces trois dernières années. Ce qui aurait suscité des jalousies dans son entourage qui, du coup, a voulu l’empoisonner.
- L’amélioration du train de vie de Fenohasina serait dû à sa fréquentation de différents Papa sôsy (sugar daddy). On parle d’un haut gradé de l’armée. Mais il y en a aussi qui seraient des hauts dignitaires de l’Etat. En tout cas, quelqu’un qui peut offrir une voiture en cadeau. C’est la femme d’un de ces sugar daddy qui, après avoir découvert la pot-aux-roses, aurait décidé d’y mettre le holà en tentant d’empoisonner sa rivale.
Dans l’un ou l’autre cas, le poison dénommé « mahery vaika » a été ingéré par tous les invités qui ont mangé les donuts sur quoi la toxine aurait été répandu. Voilà pourquoi, comme dans le cas du botulisme, les autorités tenteraient de manipuler l’opinion afin de « protéger » les sugar daddy et la cocue empoisonneuse. D’autant plus qu’il y a trois ans, Fenohasina était encore mineure. Et qu’elle ne serait pas seule dans cette chasse aux Papa sôsy. Ce qui en ferait un scandale à la Jeffrey Epstein, toute proportion gardée.
Il n’y aura pas de fin à cette histoire tant que la vérité ne soit connue.
*De « empoisonnement », faute verbale devenue virale du Dr Manuella Christophère Vololoniaina Nivoarisoa, directrice de la Veille sanitaire, de surveillance épidémiologique et de riposte au micro de TV5 Monde Afrique, le 17 juillet 2025.