Publié le 25 janvier 2025

Carburants : la vérité des prix si je mens !

Aller à Canossa. Les kanosa ont capitulé. Après des années de bras de fer, Bretoon Woods a finalement eu raison des entêtements, ou plutôt a obtenu que la tête des subventions lui soit livré sur un plateau d’argent. Récompense : 203 millions $ qui sentent le gaz. Faites le plein d’infos en lisant ce post.

Par Randy donny

Image de couverture de Carburants : la vérité des prix si je mens !
©Randy Donny/Nyh Design 2022

17 janvier 2025, les sociétés de distributions pétrolières reçoivent une lettre émanant du ministère de l’Energie et des hydrocarbures (MEH) : une notification des prix maxima à afficher à la pompe (PMAP) à appliquer le lendemain. « Les prix notifiés sont uniquement des plafonds réglementaires, à ne pas dépasser » (sic). Le prix de l’essence diminue de 200 A, le gas-oil de 140 A tandis que le pétrole fait du surplace.

Les thuriféraires du régime évoquent un « fruit de négociations ». La lettre ministérielle précise « des instructions des Autorités supérieures ». La vérité est que le gouvernement a finalement décidé de lâcher du lest après une dernière injonction de Bretton Woods : blocage de l’appui budgétaire de 100 millions $ de la Banque Mondiale et des 103 millions $ du FMI sous réserve de respect des recommandations déjà émises depuis des années. Parmi ces dernières figurent le plan de redressement de la Jirama, que le gouvernement est incapable de produire, et l’arrêt des subventions dont celle à l’endroit des produits pétroliers, des milliards A par an depuis 2022, afin d’éviter un emballement du prix à la pompe. Désormais, ce dernier doit suivre la fluctuation du prix du barils au niveau mondial. C’est la fameuse « vérité des prix ». Autrement dit, le prix à la pompe des carburants va changer tous les mois suivant le cours du baril.

« Paramètres favorables »

Pour janvier, lors de « la première révision des prix, les paramètres étaient favorables à une baisse », des aveux même du MEH. Les prix maxima se basant sur les coûts d’il y a deux mois (M-2), les prix actuels sont donc le fruit des cours de septembre-octobre 2024 où les cours internationaux étaient au plus bas. D’autre part, pendant cette même période, l’ariary A s’est légèrement apprécié par rapport à l’euro et est resté stable face au dollar. Il y a des chances que la tendance baissière se poursuivra pendant au moins un ou deux mois. La Banque Mondiale note une tendance baissière du prix du pétrole en 2025, mais rien n’est sûr.

 

La lettre du ministère de l’Energie et des Hydrocarbures. 

Ceci dit, il existe des moyens pour faire baisser encore le prix des hydrocarbures à Madagascar.

  1. Diminuer les taxes et redevances chelous. Comme le montre le graphique en haut, ces dernières représentent un tiers du prix à la pompe. Il s’agit essentiellement de taxes et redevances soi-disant pour la protection de l’environnement et pour la réfection des routes. Au Fonds Routier, par exemple, on verse 288 A/litre d’essence et 134 A/litre de gas-oil. Et pourtant, les routes nationales n’étaient jamais aussi mal entretenues depuis l’Indépendance. Les supprimer feront diminuer le prix des carburants de 30%.
  2. Madagascar dispose d’une réserve pétrolière estimée à 11 milliards de barils, selon l’United States Geological Survey. Qu’est-ce qui nous empêche de l’exploiter ? Au profit du pays, bien entendu. A moins que l’or noir prenne le chemin de l’or tout court… 
    Jusqu’à présent, on n’a entendu parler que de Tsimiroro. Son gisement recèle 1,6 milliards de barils, mais apparemment, Madagascar Oil aurait arrêté la production de pétrole brut en 2016.
  3. Faire nos emplettes dans les pays où le prix de l’essence et du gas-oil est le moins cher, respectivement 0,009 euros (44,10 A) en Iran et 0,023 euros (112,70 A) au Vénézuéla.
    Mais il est même inutile d’aller loin. Il suffit de faire un tour chez nos voisins du continent que nos dirigeants aiment bien visiter. L’essence coûte 0,031 dollars (140 A) en Lybie, 0,33 dollars en Angola et 0,34 euro en Egypte. Même alourdis par les taxes et redevances chelous, on arriverait pas à 5700 A à l’arrivée aux pompes de Tana et des Valamparia…  
    Actuellement, on achète l’essence à 1,16 euro, pratiquement au même niveau qu’en France (1,8 euro) alors que le Malgache a un revenu moyen 68 fois moindre qu’en France : 40 euros vs 2735 euros. Cherchez l’erreur.