« La musique me permet de se défouler »
Adulé par les uns, honni par les autres, Samoëla ne laisse personne insensible, tant ses créations tranchent sur les sirops que des soi-disant artistes veulent nous faire abreuver quotidiennement. Pour donner réponses à tous les points d’interrogation que les auditeurs font planer au-dessus du personnage, nous avons décidé de le rencontrer.
Surprise : au lieu de farfelu de nos imaginations, nous avons eu à discuter avec un garçon bien « sage », plutôt timide mais au demeurant sympathique, au look de ville de la majorité silencieuse. Curieux, comme l’interview durant laquelle l’intéressé a fait l’éloge de la folie. Celle qui atteint Dali quand il prend son pinceau et Joël A. quand il crée ses modèles…
- L'Express de Madagascar : Parle-nous de ton parcours. Comment t’es arrivé au stade où tu es actuellement ?
- Samoëla : Mon père dirigeait une chorale et était adepte de jazz et de musique classique. J’ai donc grandi avec. Plus tard, j’ai appris le piano. Mais ce qui m’a surtout fait un choc était un concert de Vahömbey. Mais également de Ricky, qui apportait aussi quelque chose d’originale, et Iraimbilanja dont j’apprécie les arrangements. Puis, après avoir réussi à trouver ma propre personnalité musicale, j’ai créé le groupe Samoëla en octobre 1995. Notre première scène date du 3 février 1996
- Musicalement, quels sont tes influences ?
- Mes écoutes sont surtout Sareraka et Tselonina et le jazzman Jaco Pastorius. En fait, il s’agit surtout de fusion. A la manière d’un homme et d’une femme dont l’union donne naissance à un enfant.
- Et sur le plan des textes…
- Mes écrivains préférés sont Jean-Joseph Rabearivelo, Elie Rajaonarison et Ramilison.
- C’est qui ?
- Ramilison le « mpihiragasy »
- …
- En fait, j’ai aussi une grande admiration pour Xhy sy Mäa en ce qui concerne la conception des idées. En tout cas, mes textes s’inspirent toujours des réalités de la société dans laquelle je vis.
Drogue et libération
- Justement on trouve que la causticité de tes textes est en contradiction avec le calme de ta personnalité hors scène !
- Ecoute, moi je ne vis pas que pour la musique. Je m’occupe aussi d’autres choses. La musique, pour moi, est juste un loisir. Ou plutôt un moyen d’exprimer ce que j’ai au fond de moi, mes folies et mes délires. Tu vois, je suis quelqu’un de très occupé dans la vie. Je suis toujours pris à faire quelque chose. Alors, la musique me permet de me défouler…
- Mais qu’est-ce que tu fais dans la vie, toi ?
- Je m’occupe de la gestion d’une société. Je réalise également des vidéos, c’est-à-dire que je conçois les idées du film. Enfin, je supervise les deux coordinatrices du groupe. Il faut dire que je fais quand même 6 heures de musique par jour
- En t’écoutant, les auditeurs disent qu’on ne peut faire ce que tu fais que sous influence de la drogue !
- Ecoute, je l’ai toujours dit : moi, je n’ai pas besoin de me droguer, je suis naturellement drogué en permanence. (Rires)
- T’as jamais eu d’expériences avec la drogue ?
- C’est-à-dire que comme tous les mecs, j’ai eu mon initiation. Mais c’était il y a longtemps. A 13 ans, si ma mémoire est bonne. J’ai tiré sur un joint. Mais c’était la première et unique fois car je ne l’ai plus refaite !
- Cela n’avait pas d’effet sur toi ?
- Non ! Et puis, tu vois, je veux surtout prouver qu’on peut s’éclater un max, même sans prendre de la drogue. On peut faire des folies d’une autre façon. Cela dit, je considère que la folie est nécessaire dans la musique. Toutes les grandes personnalités, les grands créateurs qui ont marqué leur époque avaient tous cette folie-là. Cela leur a permis de se hisser au-dessus du reste…
- Alors, C’est cela ton message ?
- Si tu veux. Mes textes expriment mes délires, c’est un moyen pour communiquer avec les autres. Par exemple, dans « Sexy girl », je m’adresse aux jeunes filles actuelles. Mais en chanson, car sermonner est vieux jeu, il faut trouver d’autres méthodes plus efficaces.
Et puis, je trouve qu’il faut « libérer » la pensée malgache du carcan de préjugés qui l’enchaîne. Par exemple, ce n’est pas parce qu’on est chrétien qu’on ne peut pas vivre avec un païen. Chacun a ses vérités et ses défauts. Avec « Havako Mamomamo », je voulais dire que même si personnellement je ne bois pas, je trouve que des buveurs peuvent être sympathiques… Le choix de la société n’est pas toujours forcément le bon. Pendant des années, on a suivi le socialisme. Or c’était une illusion… Moi, je dis ce que les autres n’osent pas exprimer ! - T’as vécu toutes les situations racontées dans tes textes ?
- Oui ! M’enfin, certaines comme « Soly » et « …0248 TZ » qui racontent des histoires que j’ai vraiment vécues. D’autres parlent de truc qui était arrivés à des amis. Par exemple, l’histoire de « Sexy Girl » est authentique !
(…) - Mais qu’en est-il de l’accueil de tes œuvres en dehors de la capitale ?
- Tu sais, Antsirabe nous a adoré bien avant Tananarive, grâce à un concert que nous y avons donné en 1996. A Tamatave, on sait que nos chansons marchent aussi bien en vente que dans les différents hit-parades radiophoniques.
(…)
L’intégralité de l’interview dans « L’Express de Madagascar » du jeudi 27 Novembre 1997, pp.11
*Programme Festival Fanilo
Date | A l’affiche |
21 juin 2025 | Samoëla / Kaiamba tena izy |
22 juin 2025 | LJo / Ry Kiala Vazo |
23 juin 2025 | DJ Daddy / Ry Kiala Vazo |
24 juin 2025 | Zumba DJ / Hosea Event |
25 juin 2025 | Jaojoby / Steph Rambi – Njara Marcel |
26 juin 2025 | Hira Gasy / Rajery / Lumene Group |